Georges
Jacques Danton, Dernier discours :
Georges Jacques Danton fut jugé le 4
avril 1794 lors d'une procédure expéditive, et exécuté le lendemain à 16
heures. Un extrait de son dernier discours, que vous pouvez retrouver dans
le film : "La Révolution
Française" de Robert Enrico réalisé en 1989
Il n'y aurait
pas eu de Révolution. Sans moi.
Il n'y aurait
pas eu de République. Sans moi.
Non, vous ne me
traînerez pas vers la mort, je suis vivant !
A jamais !
Le monde nous
regardera et se demandera quel genre d'hommes nous étions.
Ne laissons pas
dire que nous n'étions pas meilleurs que ceux que nous avons chassés.
Nous sommes tous
condamnés à mourir.
Je connais cette
Cour, c'est moi qui l'ai créée, et j'en demande pardon à Dieu et aux hommes.
A l'origine,
elle devait être, non pas le fléau de l'humanité, mais un rempart, une dernière
instance contre le déchaînement des fureurs de la brutalité et de la peur.
Au lieu de cela,
c'est devenu l'assassinat des consciences.
Et ceux qui plus
tard nous jugeront, verront bien que moi, Danton, je n'ai pas voulu cela.
Si je parle
aujourd'hui, c'est pour défendre ce que nous avons réalisé, c'est pour tout ce
que nous avons atteint, et non pour sauver ma vie.
Nous avons brisé
la tyrannie des privilèges, nous avons tué le ver dans le fruit, en abolissant
ces pouvoirs auxquels n'avait droit aucun homme.
Nous avons mis
fin au monopole de la naissance et de la fortune, et cela dans tous ces grands
offices de l'État : dans nos églises, dans nos armées, dans ce vaste complexe
d'artères et de veines qui fait vivre ce corps magnifique de la France.
Nous avons
déclaré que l'homme le plus humble de ce pays est désormais l'égal des plus
grands.
Et cette liberté
acquise pour nous-mêmes, nous l'avons offerte aux esclaves, et nous confions au
monde la mission de bâtir l'avenir sur l'espoir que nous avons fait naître.
Ceci, c'est plus
qu'une victoire dans une bataille, plus que les épées et les canons et tous les
escadrons de cavalerie de l'Europe, et cette inspiration, ce souffle pour tous
les hommes, partout, en tout lieu, cet appétit, cette soif, jamais on ne pourra
l'étouffer.
Nos vies
n'auront pas été vécues en vain.