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lundi 17 juin 2013

La sagesse en parole et en acte



Platon, Extrait de l'Apologie de Socrate :

Face à ceux qui sont faits ses juges, Socrate se défend. Sachant qu'il risque la mort et sans violence, il oppose une parole de sagesse, de paix et d'amour aux accusations de "corrompre la jeunesse".  

Car toute mon occupation est de vous persuader, jeunes et vieux, qu’avant le soin du corps et des richesses, avant tout autre soin, est celui de l’âme et de son perfectionnement. Je ne cesse de vous dire que ce n’est pas la richesse qui fait la vertu ; mais, au contraire, que c’est la vertu qui fait la richesse, et que c’est de là que naissent tous les autres biens publics et particuliers. Si, en parlant ainsi, je corromps la jeunesse, Si donc c’est en tenant ce discours que je corromps les jeunes gens, il faut bien admettre que ce discours est nuisible. Mais prétendre que je tiens un autre discours que celui-là, c’est ne rien dire qui vaille.
Ne murmurez pas, Athéniens, et accordez-moi la grâce que je vous ai demandée, de m’écouter patiemment : cette patience, à mon avis, ne vous sera pas infructueuse. J’ai à vous dire beaucoup d’autres choses qui, peut-être, exciteront vos clameurs ; mais ne vous livrez pas à ces mouvements de colère. Soyez persuadés que, si vous me faites mourir, étant tel que je viens de le déclarer, vous vous ferez plus de mal qu’à moi. Maintenant, Athéniens, ne croyez pas que ce soit pour l’amour de moi que je me défends, comme on pourrait le croire ; c’est pour l’amour de vous, de peur qu’en me condamnant, vous n’offensiez le dieu dans le présent qu’il vous a fait.

Mais vous aussi juges, il vous faut être plein d’espérance dans la mort, et vous mettre dans l’esprit une seule vérité à l’exclusion de tout autre, à savoir qu’aucun mal ne peut toucher un homme de bien, ni pendant sa vie ni après sa mort, et que les dieux ne l’abandonnent jamais ; car ce qui m’arrive n’est point l’effet du hasard, et il est clair pour moi que mourir dès à présent, et être délivré des soucis de la vie, était ce qui me convenait le mieux ; aussi la voix céleste s’est tue aujourd’hui, et je n’ai aucun ressentiment contre mes accusateurs, ni contre ceux qui m’ont condamné, quoique leur intention n’ait pas été de me faire du bien, et qu’ils n’aient cherché qu’à me nuire ; en quoi j’aurais bien quelque raison de me plaindre d’eux. Je ne leur ferai qu’une seule prière. Lorsque mes enfants seront grands, si vous les voyez rechercher les richesses ou toute autre chose plus que la vertu, punissez-les, en les tourmentant comme je vous ai tourmentés ; et, s’ils se croient quelque chose, quoiqu’ils ne soient rien, faites-les rougir de leur insouciance et de leur présomption : c’est ainsi que je me suis conduit avec vous. Si vous faites cela, moi et mes enfants nous n’aurons qu’à nous louer de votre justice. Mais voici déjà l’heure de partir, moi pour mourir et vous pour vivre. De mon sort ou du vôtre lequel est le meilleur ? Personne ne le sait, excepté Dieu.

mardi 4 juin 2013

La citation de la semaine



"Ne fais jamais rien contre ta conscience, même si l'Etat te le demande."
Albert Einstein


samedi 1 juin 2013

Aux sources de la République



Georges Jacques Danton, Dernier discours :


Georges Jacques Danton fut jugé le 4 avril 1794 lors d'une procédure expéditive, et exécuté le lendemain à 16 heures. Un extrait de son dernier discours, que vous pouvez retrouver dans le  film : "La Révolution Française" de Robert Enrico réalisé en 1989

Il n'y aurait pas eu de Révolution. Sans moi.
Il n'y aurait pas eu de République. Sans moi.
Non, vous ne me traînerez pas vers la mort, je suis vivant !
A jamais !
Le monde nous regardera et se demandera quel genre d'hommes nous étions.
Ne laissons pas dire que nous n'étions pas meilleurs que ceux que nous avons chassés.
Nous sommes tous condamnés à mourir.
Je connais cette Cour, c'est moi qui l'ai créée, et j'en demande pardon à Dieu et aux hommes.
A l'origine, elle devait être, non pas le fléau de l'humanité, mais un rempart, une dernière instance contre le déchaînement des fureurs de la brutalité et de la peur.
Au lieu de cela, c'est devenu l'assassinat des consciences.
Et ceux qui plus tard nous jugeront, verront bien que moi, Danton, je n'ai pas voulu cela.
Si je parle aujourd'hui, c'est pour défendre ce que nous avons réalisé, c'est pour tout ce que nous avons atteint, et non pour sauver ma vie.
Nous avons brisé la tyrannie des privilèges, nous avons tué le ver dans le fruit, en abolissant ces pouvoirs auxquels n'avait droit aucun homme.
Nous avons mis fin au monopole de la naissance et de la fortune, et cela dans tous ces grands offices de l'État : dans nos églises, dans nos armées, dans ce vaste complexe d'artères et de veines qui fait vivre ce corps magnifique de la France.
Nous avons déclaré que l'homme le plus humble de ce pays est désormais l'égal des plus grands.
Et cette liberté acquise pour nous-mêmes, nous l'avons offerte aux esclaves, et nous confions au monde la mission de bâtir l'avenir sur l'espoir que nous avons fait naître.
Ceci, c'est plus qu'une victoire dans une bataille, plus que les épées et les canons et tous les escadrons de cavalerie de l'Europe, et cette inspiration, ce souffle pour tous les hommes, partout, en tout lieu, cet appétit, cette soif, jamais on ne pourra l'étouffer.

Nos vies n'auront pas été vécues en vain.